Le Mercredi de Réflexion est une réunion récurrente organisée par le bureau de la Banque interaméricaine de développement (BID) en Haïti, qui offre un espace pour réfléchir à de nouvelles idées et à des développements positifs au milieu du bruit au quotidien. C’est ce qu’ont fait les représentants du Gouvernement Haïtien, d’UNECLAC, de la Banque de développement des Caraïbes et de l’Agence caribéenne de gestion des urgences liées aux catastrophes (CDEMA) lors de la réunion du 26 janvier 2022. Ils ont réfléchi aux actions qui peuvent contribuer à renforcer la résilience et la réponse aux catastrophes en Haïti. Ils ont partagé leurs réflexions sur le sujet et ils ont proposé des solutions possibles. La discussion a fourni des faits, a mis de nouvelles idées sur la table et a souligné trois points:
- Les conséquences des catastrophes naturelles vont s’aggraver en Haïti et dans le reste de la région des Caraïbes. Selon l’Indice Mondial des Risques Climatiques 2021, entre 2000 et 2019, Haïti figurait parmi les trois pays les plus affectés par les impacts des événements climatiques extrêmes dans le monde. Ce qui s’est traduit par des pertes de 0,8 % du PIB par an. Une large gamme de phénomènes naturels extrêmes—ouragans, tremblements de terre, inondations, sécheresses, etc. – affectent malheureusement Haïti et la région de manière récurrente. Ces événements ont tendance à avoir de graves conséquences dans le pays, car environ 96% de la population haïtienne se trouve dans des zones à haut risque et plus de 70% des ménages haïtiens vivent dans des habitations vulnérables. La fréquence et la gravité de ces événements sont également susceptibles d’augmenter avec le changement climatique : la région des Caraïbes devrait être 17% plus sèche d’ici la fin du siècle, l’élévation du niveau de la mer devrait se poursuivre et l’augmentation des températures ambiantes entraînera une fréquence et une force accrues des événements hydrologiques.
- L’état est au cœur des efforts de préparation et de réponse aux catastrophes. Le gouvernement est au cœur de l’établissement et de la mise en œuvre des plans de résilience, de la réponse pendant et après l’événement, de la direction du processus de reconstruction et de l’assurance d’une exécution adéquate des fonds. À cette fin, le gouvernement d’Haïti a mis en place des politiques clés et a investi dans la mise à jour de son cadre réglementaire et politique d’intervention. Parmi les exemples, les panélistes ont cité le Fonds d’Urgence, qui existe depuis 1966 pour répondre aux besoins de financement après les catastrophes, le “Plan National de Gestion des Risques et des Catastrophes 2019-2030” ou la “Politique Nationale de Promotion et de Protection Sociale” de 2020, qui souligne l’importance de la réponse aux catastrophes naturelles dans le système de protection sociale du pays. À l’avenir, il faudra investir dans le renforcement des capacités et des connaissances, ainsi que dans la promotion d’instruments de financement innovants et dans une meilleure coordination de la protection des secteurs privé et public. Cela permettra de garantir que les mesures d’assurance et de soutien couvrent la plus grande partie possible de la population et de la nation.
- Haïti fait partie d’une vaste architecture institutionnelle internationale créée pour aider à répondre aux catastrophes. L’architecture internationale de préparation et de réponse est vaste et couvre différentes phases de préparation et de réponse. Ces institutions offrent différentes strates de protection aux pays et devraient donc être coordonnées pour maximiser l’efficacité. Par exemple, CDEMA dispose de mécanismes d’intervention et peut soutenir les gouvernements dans la mise en place de leurs dispositifs de gouvernance, ils disposent également de mécanismes de coordination pour les partenaires du développement. Le Caribbean Catastrophe Risk Insurance Facility (CCRIF) fournit également une assurance souveraine, apportant des liquidités bien nécessaires à la suite de catastrophes. Ces deux institutions ont soutenu Haïti à diverses reprises, notamment à la suite du tremblement de terre de 2010 ou après l’ouragan Matthew en 2016.
Alors que nous envisageons ces questions en réponse aux crises qui surgissent, nous concluons que le renforcement institutionnel, la priorisation et la superposition seront essentiels pour promouvoir une meilleure préparation et réponse aux catastrophes en Haïti à l’avenir. Pour promouvoir une meilleure résilience et une meilleure réponse, des efforts significatifs seront nécessaires pour mettre à jour le cadre institutionnel et politique, mais cela devra aller de pair avec un renforcement des capacités et une meilleure coordination de l’aide internationale. Ces mécanismes peuvent fournir différentes couches de soutien et de protection pour garantir que l’amélioration de la résilience et de la réponse devienne une réalité.
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