Article d’opinion: création de la nouvelle autorité d’eau potable et assainissement et les défis du secteur
Versión en español: Agua y saneamiento en Puerto Príncipe
Bien avant le tremblement de terre de janvier 2010 à Port-au-Prince, Haïti, le taux de couverture et la qualité du service se trouvaient déjà très détériorés (environ 5% des ménages avaient accès à l’eau du robinet chez eux). Les défaillances de la Centrale autonome métropolitaine d’eau potable de Port-au-Prince (CAMEP), qui était chargée de l’approvisionnement en eau à cette époque, étaient considérables:
- les pertes d’eau étaient très élevées (estimées à plus de 80%);
- le taux de recouvrement était très faible (environ 42%);
- les coûts en personnel représentaient plus de 60% des frais de fonctionnement de l’entreprise;
- il existait moins de 30 000 branchements individuels en service pour une population totale d’environ 3 millions d’habitants;
- les coupures d’eau étaient fréquentes (certaines zones de Port-au-Prince n’étaient approvisionnées que quelques heures par jour, voire par semaine);
- la vulnérabilité à la pollution des sources d’eau était élevée du fait de leur proximité des populations.
Le 15 février 2011, deux ans après sa création, la Direction nationale de l’eau et de l’assainissement ou DINEPA, s’est engagée à améliorer cette situation en signant un contrat d’Assistance technique opérationnelle (ATO) de trois ans avec le consortium Suez Environnement-Aguas de Barcelona-United Water, suite à un appel d’offre public international.
L’objectif de ce contrat est la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour réhabiliter les services d’eau potable et d’assainissement et l’expansion du service dans la Région métropolitaine de Port-au-Prince, relancer les activités de l’entreprise d’eau de Port-au-Prince (Centre technique d’exploitation ou CTE) et regagner la confiance des consommateurs et des salariés. Le financement des investissements nécessaires au projet ainsi que le contrat de l’Assistance technique opérationnelle sont assurés par la BID et l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) avec un apport total d’USD50 million.
À son arrivée sur le terrain en avril 2011, l’équipe de l’ATO a été confrontée à une grande démotivation du personnel, absence de vision d’avenir, absence de projet, un déficit financier équivalent aux recettes, absence de Directeur du CTE et des Ressources humaines, stratégie de clientèle inexistante et une crise choléra qui faisait rage depuis 8 mois.
Pour remédier à cette situation, le consortium international a mis en place une nouvelle organisation dans l’entreprise. Les résultats après 26 mois de présence sur le terrain sont très encourageants: création et consolidation de nouvelles directions clientèle, opérations, ressources humaines et quartiers défavorises, description de 100% des postes, mise en place de l’évaluation du personnel, création d’une section hygiène et sécurité et création d’un service formation (8 000 heures de formation ont été délivrées à fin 2012).
L’équipe a appuyé le CTE pour la mise en place d’un laboratoire de contrôle de qualité de l’eau et la préparation d’un schéma directeur de l’eau potable. Les heures de pompage sont passées de 11 heures à 16 heures par jour, la continuité du service est passée de 13 heures à 26 heures par semaine et le taux de sous-chloration sur le réseau est passé de 26% à 9%.
Le taux de recouvrement est passé de 67% à 75% en 2012. De plus, 4 000 nouveaux clients ont été enregistrés à fin octobre 2012 et 1 690 clients sont maintenant facturés au volume. Vingt nouveaux comités de quartier ont aussi été créés ainsi que 210 nouveaux kiosques (bornes payantes) dans les quartiers défavorisés.
Les défis dans le futur ?
Apres deux ans et une transformation de grande envergure instaurée au sein de l’entreprise, l’équilibre financier n’a pas encore été atteint. Le défi reste grand pour que l’entreprise soit rentable, ce qui ne pourra se produire sans un ajustement tarifaire prochainement (les tarifs n’ont pas changé depuis 2003).
Leave a Reply